À seulement 30 ans, Nicole Menemene s’est imposée comme une figure clé dans la lutte contre la pollution plastique en République démocratique du Congo (RDC). Fondatrice et directrice générale de Plastycor, une entreprise spécialisée dans le recyclage des déchets plastiques, elle a su mobiliser femmes et jeunes autour de sa cause, contribuant ainsi à la protection de l’environnement.
Nicole Menemene a créé Plastycor en réponse à l’invasion croissante des déchets plastiques dans les rivières et sur les rives des lacs. “L’idée de créer Plastycor m’est venue en 2016, lorsque j’ai vu les déchets plastiques envahir nos cours d’eau et boucher les caniveaux,” explique-t-elle. Face à ce fléau, Nicole a lancé une campagne de sensibilisation pour éduquer les habitants de sa communauté sur les dangers de la pollution plastique et son impact sur l’environnement.
Des déchets plastiques transformés en objets utiles
Plastycor récupère les déchets plastiques des rives des lacs et des décharges pour les transformer en produits utiles tels que des paniers, des pots de fleurs, des poubelles, des tabourets et des tables. En 2022, son entreprise a collecté plus de dix tonnes de déchets plastiques, qu’elle a ensuite recyclés en divers articles vendus aux particuliers et aux organisations à but non lucratif. “Le bénéfice généré est réinvesti dans notre activité de recyclage,” précise Nicole.
Collaboration avec les jeunes et les femmes
L’un des aspects les plus remarquables du travail de Nicole est son engagement avec la jeunesse. En 2020, Plastycor a collecté plus de 18 000 bouteilles en plastique pour construire une maison dans le village de Katana, à environ 43 kilomètres de Bukavu. Nicole collabore également avec plus de 50 femmes issues de ménages modestes, leur fournissant des compétences qui leur permettent de générer des revenus supplémentaires.
Malgré les succès, Plastycor opère encore de manière artisanale, faute de machines industrielles pour accélérer le processus de recyclage. “Le travail se fait à la main, mais notre objectif est d’industrialiser nos activités pour réduire de 90 % la pollution du lac Kivu,” souligne Nicole. Elle appelle à un soutien accru du gouvernement congolais et de la communauté internationale pour étendre son impact.
L’impact de la pollution plastique sur l’environnement local
Les conséquences de la pollution plastique en RDC sont graves, notamment pour la centrale hydroélectrique de Ruzizi, où les déchets obstruent régulièrement les turbines, causant des pannes d’électricité prolongées. “Le plastique s’accumule à une profondeur de 14 mètres, et les plongeurs doivent constamment nettoyer le fond de la rivière pour éviter que les turbines ne se bouchent,” explique Liévin Chizungu, responsable de la production à la centrale de Ruzizi 1.
Nicole Menemene exhorte ses concitoyens à adopter des comportements responsables en évitant de jeter des déchets plastiques et en privilégiant les produits recyclés locaux. “Je crois fermement que les villes de mon beau pays retrouveront un jour leur splendeur,” déclare-t-elle.